Crise économique : et si on (re)parlait du revenu universel ?
Est-ce le fait d’avoir vu une vidéo un peu gênante de Benoit Hamon en train de se raser (mais si rappelez-vous c’est le candidat du PS qui a fait 6% en 2017…), toujours est-il que j’ai eu envie de vous parler aujourd’hui d’une (vieille) idée qui refait surface avec la crise du Covid : le revenu universel.
Mais au fait, c’est quoi le revenu universel ?
C’est une somme d’argent versée à chaque citoyen (« merci Captain Obvious, on l’aurai pas deviné… »), quelle que soit sa condition sociale. Le journaliste Alexandre Kouchner le définit ainsi chez France Info : « il s’agit d’un soutien financier universel, automatique et inconditionnel qui viendrait remplacer les autres allocations sociales. L’État verserait à tous ses citoyens, sans obligation de travail ce qu’il considère comme le minimum applicable. »
Un revenu universel, mais pour quoi faire ?
Très bonne question ! Suivant les différentes doctrines, l’objectif n’est pas le même. Pour simplifier, on peut noter deux objectifs différents :
- Soit le revenu universel vient regrouper un certain nombre d’aides sociales (RSA, allocations familiales…). C’est l’idée portée par le gouvernement français avec son revenu universel d’activité (RUA). L’objectif est ici de simplifier et rendre plus efficace le système actuel.
- Soit le revenu universel vient s’ajouter aux autres dispositifs afin de faire face aux bouleversements du marché de l’emploi : robotisation, économie numérique, parcours de vie moins linéaires qu’avant… C’est plus ou moins l’idée défendue par Benoit Hamon en 2017 et reprise aujourd’hui par la Fondation Jean-Jaurès dans une note parue dans le journal Libération. L’objectif est alors de laisser le choix aux citoyens de travailler (et donc de gagner plus d’argent), ou de se consacrer au bénévolat, à élever des enfants…
Il y a bien entendu d’autres façons de voir le revenu universel, mais je schématise.
Est-ce (vraiment) une bonne idée ?
Je vous entends d’ici : « mais enfin le revenu universel c’est la porte ouverte à la paresse et à l’assistanat qui gangrène notre société ! » Alors déjà : calmez-vous ! Ce que vous reprochez au revenu universel, d’autres le reprochent aux allocations chômage et autres aides sociales. Faut-il pour autant les supprimer ? Quelle que soit la doctrine, le revenu universel est toujours largement inférieur au SMIC. Il est donc impossible de passer son temps à ne rien faire, ce qui est déjà le cas avec le RSA, n’en déplaise à certains !
Est-ce souhaitable ?
Voilà une question philosophique à laquelle il m’est difficile de répondre… Toutefois, d’un point de vue purement économique « je dirais que la question elle est vite répondue » comme dirait l’autre : bien sûr que oui ! C’est ce qu’explique Gilles Mitteau de la chaine YouTube « Heu?reka » (qui fait un travail formidable de vulgarisation de l’économie, mais nous en reparlerons) dans sa vidéo consacrée au revenu de base. Déjà parce que le revenu universel permet à la fois d’effectivement favoriser les plus démunis en augmentant leur pouvoir d’achat, tout en prélevant plus d’impôts, notamment auprès des plus aisés. Ceci étant, on peut aller plus loin en disant que « l’école économique néo-classique » est favorable au revenu universel, ou du moins qu’elle devrait l’être… « Mais tu vis en pleine fantaisie, le revenu universel c’est une idée de bobo-gauchistes, pas de gens sérieux ! » Si l’on considère que les économistes néo-classiques sont des « gens sérieux », mais ça n’est pas le sujet… Je ne vais pas vous faire un cours d’économie, déjà parce que je n’en ai pas les compétences et parce que ce serait un peu long, mais si je voulais simplifier la thèse néo-classique en ce qui concerne l’emploi, je dirais que toute personne est libre de travailler ou non. Oui vous avez bien entendu, pour les néo-classiques, si vous vous retrouvez au chômage, ça n’est pas parce que l’économie va mal ou que votre entreprise ferme, mais bien parce que vous le voulez ! Là encore, je schématise beaucoup, mais globalement, c’est ça… Du coup, le revenu universel est la solution parfaite puisque grâce à lui on pourra effectivement choisir de travailler ou de faire autre chose.
Est-ce faisable ?
Bien entendu ! Si l’on reprend les deux visions du revenu universel dont j’ai parlé plus haut, soit on fusionne des aides existantes (ce qui, a priori, ne coute rien), soit on débloque une enveloppe pour verser le revenu à chaque citoyen. Dans ce deuxième cas de figure, les choses sont un peu plus complexes, sans pour autant être irréalisables… En effet, on peut très bien imaginer un mécanisme de financement basé sur une taxe sur les transactions financières (par exemple), couplée à un emprunt. Dans tous les cas, le revenu universel ne modifiera pas le budget de l’État puisque les nouvelles dépenses seront compensées par une hausse de l’impôt sur le revenu. Tout n’est en fait qu’une question de volonté politique…
Du coup : bonne ou mauvaise idée ?
Je vais vous laisser répondre à cette question. D’ailleurs, laissez votre avis en commentaire, ça m’intéresse grandement de savoir ce que vous pensez du revenu universel ! Je conclurais en disant que si d’autres pays l’on fait (même l’Allemagne qui lance une expérimentation d’un revenu universel de 1200€ par mois), il n’y a pas de raison que la France ne le fasse pas…