FinCEN Files : les banques (encore) prises la main dans le sac !
Il y a quelques jours (le 15 septembre pour être précis), on « célébrait » le 12e anniversaire de la disparition de la banque Lehman Brothers. Comment ça « on s’en fout », pas du tout c’est ce qui a conduit à l’une des plus grandes crises financières de l’Histoire ! Pourquoi je vous parle de ça ? Tout simplement, car le 20 septembre dernier, une nouvelle affaire impliquant de grandes banques a éclaté. Une sombre histoire de blanchiment d’argent sur fond de trafic de drogue, de terrorisme…
C’est quoi les FinCEN Files ?
Sous ce nom un brin barbare se cache une enquête de 16 mois menée par l’ICIJ (Consortium international des journalistes d’investigation), le groupe à l’origine des fameux « Panama Papers ». Cette fois-ci, ce ne sont pas moins de 2 100 documents qui ont été épluchés par cette équipe de 400 journalistes travaillant pour 110 organes de presse dans 88 pays, dont Radio France et Le Monde. Les documents en question sont des « rapports d’activités suspectes » (SAR pour « Suspicious Activity Reports »), que les banques transmettent lorsqu’elles détectent des transferts de fonds douteux. Les SAR sont destinés au service de renseignement financier américain FinCEN (Financial Crimes Enforcement Network), d’où le nom « FinCEN Files » …
De quoi ça parle ?
Oh trois fois rien… C’est juste l’histoire de 5 grandes banques internationales qui, malgré leurs belles promesses, ont permis le blanchiment d’une quantité astronomique d’argent sale ! On parle d’au moins 2 000 milliards de dollars de transactions suspectes réalisées entre 2000 et 2017. Pour info, c’est à peu de choses près le PIB d’un petit pays comme la France, une broutille quoi… Parmi les 5 banques prises la main dans le sac, on retrouve notamment Deutsche Bank et JP Morgan Chase. Si ces noms vous sont familiers, c’est normal, ce sont deux des plus grandes banques mondiales… Les FinCEN Files ont permis d’identifier au moins 1 300 milliards de dollars de transactions suspectes pour la première et 514 milliards de dollars pour la seconde. S’ajoutent à ça HSBC (qui n’est rien de moins que la plus grande banque d’Europe…), Standard Chartered Bank et Bank of New York Mellon.
Qu’est-ce qu’on leur reproche au juste ?
Pas mal de choses et pour être honnête ce serait trop long de tout vous raconter. « Ah ben merci, tout ça pour ça ! » Bon, comme j’apprécie votre soif d’informations, je vais prendre l’exemple de la banque britannique HSBC. En 2012, ce vénérable établissement bancaire basé à Londres a admis avoir blanchi au moins 881 millions de dollars pour le compte des cartels de la drogue en Amérique latine. Là vous allez me dire : « oui, mais ça, c’était le monde d’avant… » et vous aurez bien raison, au moins en apparence ! En effet, après s’être fait « taper sur les doigts » et avoir payé une amende de 1,9 milliard de dollars, on aurait pu légitimement penser qu’HSBC aurait arrêté ses bêtises. En réalité, il semblerait que non ! Ainsi, les FinCEN Files montrent que la banque a continué à transférer de l’argent pour le compte de personnages douteux, dont certains sont soupçonnés de blanchir de l’argent russe, d’alimenter une pyramide de Ponzi, et font l’objet d’une enquête dans plusieurs pays. Le plus drôle, c’est que selon l’ICIJ la banque déclare être « une institution beaucoup plus sûre qu’elle ne l’était en 2012 ». Eh ben qu’est-ce que ça devait être alors ?
Une goutte d’eau dans un océan d’argent sale !
C’est la triste réalité qui ressort de cette enquête : les 2 000 milliards de dollars en question ne sont que la partie immergée de l’iceberg ! En effet, selon un article de France Info : « Les fichiers FinCEN représentent en effet moins de 0,02 % des plus de 12 millions de déclarations d’activités suspectes que les institutions financières ont rédigées entre 2011 et 2017 ». Pire encore, il semblerait que les banques ne fassent des signalements qu’à partir du moment où une transaction ou un client a déjà fait l’objet d’un article négatif dans la presse ou d’une poursuite judiciaire ! En gros, les banques ne rédigent des rapports d’activités suspectes que lorsqu’elles n’ont vraiment plus d’autre choix… C’est beau de voir que rien ne change !