Cancel Culture : le cancer des réseaux sociaux ?
Vous pensez que Cancel est le frère de Gretel ? Comme beaucoup, vous passez pour un blaireau dès que les gens se mettent à parler des réseaux sociaux ! Vous voulez briller en société ? Alors cet article est fait pour vous.
C’est quoi la « Cancel Culture » ?
Vous avez sans doute déjà entendu ce terme, notamment à propos du film Autant en emporte le vent, sans vraiment en comprendre le sens. Sachez que contrairement à ce que l’on pourrait penser, la « Cancel Culture » n’est pas apparue avec les réseaux sociaux. Pourtant, force m’est de constater que ces derniers lui offrent une tribune totalement inédite. C’est notamment le cas de Twitter. Comment, vous ne savez pas ce qu’est Twitter ? J’ai pratiquement envie de vous dire « OK boomer », mais ce serait un jugement de valeur, ce que m’a bonne éducation m’interdit de faire… « Ben tu viens de le dire pourtant ! » Ah oui, c’est vrai, au temps pour moi…
Pour faire simple, Twitter est une plateforme sociale (et non pas un « réseau social ») qui permet aux abonnés de s’échanger de courts messages. Autrefois (pour info Twitter a été mis en ligne en 2006, autant dire à la préhistoire quoi…) réservé aux politiciens et aux journalistes, la plateforme est aujourd’hui très populaire auprès des jeunes qui y trouvent un espace de liberté d’expression. En effet, cette notion est au cœur de l’existence même de Twitter. Les messages y sont peu (pour ne pas dire « pas ») modérés, ce qui permet de dire ce que l’on pense sans craindre la censure. Cela permet également de dire n’importe quoi, sans aucune forme de modération. C’est d’ailleurs bien là qu’est le problème !
La « Cancel Culture » n’est qu’un des nombreux phénomènes que Twitter a amplifié. Pour faire simple (oui j’aime beaucoup cette expression…), la « Cancel Culture » c’est le fait d’appeler au boycott d’une œuvre, d’un artiste, d’une personnalité ou même d’un anonyme, pour des propos ou des actes que l’on trouve inacceptables.
Pourquoi c’est un problème ?
Question légitime que je vous remercie de m’avoir posé ! En effet, le boycott existe depuis des décennies et a souvent fait avancer certaines causes. De plus, je ne vois aucun problème à appeler à ne pas lire les textes d’un écrivaillon ouvertement pédophile, ou à ne pas voir les films d’un réalisateur (que je trouve d’ailleurs particulièrement surcoté…) qui se soustrait à la justice depuis des années alors qu’il est accusé de viols. Désolé cette phrase était très longue… Tout cela pour vous dire que je ne voyais pas vraiment où était le problème. J’ai commencé à me poser des questions lorsque certains ont voulu faire interdire la mise en ligne sur une plateforme de streaming du film Autant en emporte le vent. Oui ce film est problématique ! Oui les personnages noirs y sont dépeints d’une façon que les plus jeunes d’entre vous qualifieraient de « malaisante ». Toutefois, ça n’est pas une raison pour vouloir l’annuler ou le faire disparaitre !
L’autre « évènement » qui m’a mis la puce à l’oreille (oui j’utilise des expressions de vieux…), c’est le « bad buzz » créé par l’autrice d’Harry Potter JK Rowling. Je ne vais pas rentrer dans le détail de « l’affaire », mais je la trouve symptomatique des dérives de la « Cancel Culture ». Appeler à détruire une œuvre parce que son auteur a eu des propos que l’on désapprouve, je trouve cela parfaitement excessif ! D’autant plus que cela ne s’est pas arrêté là. Certaines personnes se revendiquant de la « Cancel Culture » ont même appelé au meurtre de JK Rowling !
Le problème c’est que ce n’est pas un cas isolé et que cela peut toucher tout le monde ! Moi-même avec cet article, je m’expose à recevoir des tombereaux d’insultes de la part des membres de la « Cancel Culture ». Vous pensez que j’exagère ? Sans doute un peu… Toutefois, c’est ce qui est arrivé à Justine Sacco, une jeune new-yorkaise, le 20 décembre 2013. Son tort ? Avoir voulu faire de l’humour sur le VIH en Afrique du Sud. Étant donné qu’elle est une habituée de l’humour noir, ses 170 followers (ses abonnés si vous préférez) n’ont pas été choqués. Ça a été par contre le cas d’un journaliste qui a relayé le post sur son compte suivi par 15 000 personnes, ce qui a suffi pour que le tollé soit général. Pour dire, même l’actuel locataire de la Maison-Blanche, qui n’était alors qu’un simple milliardaire quasi anonyme y a été de son tweet pour appeler à virer Justine… Ce que son employeur va s’empresser de faire, parce qu’il vaut toujours mieux obéir à une foule en colère que de défendre ses salariés… Bien entendu, cela ne s’est pas arrêté là. Au milieu de tweets débordants de haine, une personne a jugé de bon ton de proposer que Justine « se fasse violer par un séropositif ». Vous le voyez là le problème, vous le sentez le malaise ?
Pour finir, je dirais que pour moi, le véritable souci avec la « Cancel Culture », c’est que c’est le règne du « toutes choses égales par ailleurs ». Si vous avez déjà suivi un cours d’économie, cette phrase doit vous parler. En effet, les économistes sont très friands de cette formule qui indique qu’ils vont faire des simplifications. La « Cancel Culture », c’est ça : des simplifications. On met dans le même sac un pédophile, un film d’une autre époque, une autrice qui a des propos qui nous déplaisent, ou même une jeune fille qui essaye de faire de l’humour. Ça n’est pas la même chose, ça n’est pas supposé être la même chose ! Donc, la prochaine fois que vous verrez passer un tweet appelant à « canceled » quelqu’un, réfléchissez avant de crier avec les loups pour savoir si ce combat mérite d’être mené.
N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de la « Cancel Culture » dans les commentaires, j’aimerais beaucoup connaitre d’autres avis. P.S. : les plus attentifs d’entre vous auront sans doute remarqué que mon intro ressemble à celle d’une ancienne émission du site Allociné. Avant de crier au scandale et à vouloir me faire « canceled », sachez que ça n’est pas du plagiat, c’est un hommage !